SUD ÉNERGIE RP-R&D : Solidarité avec les réfugiés et travailleurs migrants !
Courrier envoyé par la section aux salariés d’EDF R&D des trois sites de la région parisienne.
Depuis quelques mois, un nombre de migrants plus important que d’ordinaire afflue vers l’Europe. Nous sommes nombreux à nous être émus de la photo du petit Aylan, mais aussi des conditions effroyables dans lesquelles sont traités les migrants arrivant en Europe, quand ils ne sont pas morts auparavant, tués par des trafiquants, noyés dans la Méditerranée ou assoiffés dans le Sahara. Face à ce que certains qualifient de danger, nous tenons à exprimer toute notre solidarité envers les réfugiés et les travailleurs migrants.
Rappelons d’abord que malgré la soi-disant frayeur qu’affichent nombre de dirigeants européens face à l’afflux de migrants cette année, celui-ci reste tout à fait infime par rapport à la population européenne : de l’ordre du 1 pour 1000 européens par an ! Nous sommes bien loin de l’invasion décrite par l’extrême-droite… Comme s’il fallait pour les accueillir, que tous les habitants européens, y compris les plus pauvres fassent des sacrifices supplémentaires !
Pour notre part, nous contestons le “tri” soi-disant à faire entre les “réfugiés” venant de pays en guerre et les “migrants économiques” que la misère et les spoliations chassent de chez eux. C’est non seulement très difficile de les distinguer, mais de plus, en quoi mourir de la misère serait-il moins grave que mourir sous les bombes ?
Que ce soit dans le Moyen-Orient ou en Afrique, les gouvernements des pays européens et des Etats-Unis ont une large part de responsabilité dans cet exode massif de réfugiés : au désordre et aux déstabilisations qu’ils sèment en Afrique et au Moyen-Orien par leurs interventions militaires, il faut ajouter le soutien politique ou financier plus ou moins masqué et les ventes d’armes aux dictatures qui écrasent leurs peuples, et notamment aux pays du Golfe, sans oublier le pillage économique des grands groupes capitalistes. Total, Bouygues, Bolloré, pour ne citer que quelques un des groupes français les plus connus, n’en finissent pas de conclure des affaires juteuses sur le dos des populations. Sans parler des marchands de canons, tel Dassault qui peut vendre ses Rafales à la dictature sanguinaire du général Al-Sissi en Egypte, sous les applaudissements de politiciens fiers que la vente d’engins promis à semer la mort et la destruction lui rapporte des centaines de millions d’euros…
Malgré cela, les gouvernements européens multiplient les murs et les barbelés. Ils ont beau jeu de dénoncer les filières criminelles de passeurs, mais celles-ci n’existent que parce qu’ils ont fait de l’Europe une forteresse ! Il faut en finir avec Frontex et toutes les lois sur les étrangers qui entravent la liberté de circuler.
Au lieu de cela, la libre circulation des personnes, que l’espace Schengen avait au moins permis d’acquérir entre 26 pays d’Europe, est remise en cause. Mais quelle est cette société qui marche à reculons ? Les européens eux-mêmes vont devoir subir à nouveau des contrôles qui avaient disparu depuis des années. Pourtant ces frontières ne sont pas une solution : elles divisent les peuples mais ne sont jamais une entrave pour les exploiteurs.
Pour tous les migrants, pour tous les européens :
Liberté d’installation ! Liberté de circulation !
L’histoire des migrations de réfugiés en Europe nous a appris que quand on est prêt à mettre les moyens financiers et humains pour accueillir les réfugiés, on s’aperçoit que les ressources reposant sur la solidarité sont beaucoup plus importantes qu’un simple calcul d’apothicaire le laisse penser. A contrario, lorsqu’aucun effort d’accueil n’est entrepris et que l’immigration n’est qu’une simple variable d’ajustement dans la loi du marché, l’idéologie néo-libérale qui nous fait tous concurrents provoque invariablement des réactions racistes et des replis communautaires. Accueillir les migrants n’est pas un coût, c’est un devoir humanitaire et un investissement humain qui porte ses fruits, beaucoup d’entre nous en sont les témoins vivants. Et nombre d’études démontrent l’absence d’impact négatif de l’immigration sur les pays accueillants, bien au contraire.
Rappelons les chiffres:
– en 1939 au moins 450 000 réfugiés de la guerre d’Espagne arrivent en France; bien que certains aient souffert de conditions d’accueil indignes (camps de concentration, par exemple) qui soutiendra aujourd’hui que ces réfugiés ont déstabilisé la France ?
– en 1979 la France accueille près de 130 000 réfugiés de l’ancienne Indochine;
– en 1962 près d’un million de personnes sont rapatriées d’Algérie. Est-ce que les voix qui s’élèvent contre l’accueil des migrants soutiendront que gérer le déplacement d’un million de personnes sur une période aussi courte a plongé la France dans le chaos et la crise économique ?
Ces chiffres doivent faire réfléchir ceux qui se demandent si les moyens financiers d’accueillir tous ces migrants existent… Et en 1962, la richesse par habitant en France était plus de trois inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui !
C’est vrai qu’aujourd’hui, on nous rabâche toute la journée la crise économique et les dettes nationales. Et ce que subit la population Européenne, c’est l’aggravation du chômage, de la précarité, de la pauvreté, de la pénurie de logements, de la dégradation des services publics…
Pourtant, de l’argent il y en a ! Il se concentre dans les caisses des multinationales,
dans les banques, dans les paradis fiscaux !
Et c’est bien là qu’il faudrait le prendre pour créer des emplois, pour loger les sans-abri, pour que les européens comme les migrants puissent tous vivre dignement et trouver leur place dans cette société.
Mais cette volonté politique, nos gouvernements ne l’ont pas.
Ils préfèrent jouer tantôt les humanistes, tantôt les autoritaires, au gré de leurs intérêts changeants. Ce qui ne change pas, c’est une politique au service des intérêts patronaux et de la finance qui conduit à une augmentation sans fin des inégalités et au chômage de masse.
Les migrants, pour leur part, deviendront très bientôt des travailleurs parmi nous, produisant les richesses et faisant fonctionner toute la société avec nous, comme tous les migrants qui les ont précédés (Espagnols, Italiens, Polonais, Belges, Vietnamiens, Algériens, Marocains, Maliens, Sénégalais…). Ce sont les capitalistes et les banquiers qui nous coûtent cher, et qui sont responsables de la crise, de la montée du chômage.
Et pour changer cela, tous les travailleurs, français ou immigrés, doivent imposer un autre rapport de force pour construire une société plus juste, plus solidaire et pacifique !
fichier PDF : SUD-ENERGIE – Solidarité avec les réfugiés et travailleurs migrants
voir aussi communiqué Solidaires : Pour un droit d’asile et au séjour, pour tous et toutes, maintenant !!