Rachat British Energy
Rachat de British Energy : une logique financière au seul bénéfice de l’actionnaire
EDF continue sa course au gigantisme, avec sa proposition d’achat de l’opérateur nucléaire anglais British Energy.
Les sommes annoncées pour ce rachat sont une fois de plus colossales : 11 à 13 Mds d’euros.
Rappelons que l’une des principales justifications de l’ouverture du capital d’EDF en 2004 était l’impérieux besoin de trouver … 8 Mds d’€ !
D’où vient donc l’argent qui servira à cette opération ? A l’évidence :
- D’une sur-tarification de l’électricité et des services associés dans les pays où opère le groupe ;
- D’une pression sur la masse salariale, sur les investissements et sur l’ensemble des coûts qui se traduit pour les usagers, en France et à l’étranger, par une dégradation des services (multiplication des coupures, disparition progressive de l’accueil clients, augmentation des temps d’intervention…), une dégradation de la sécurité des installations, une coupe dans les budgets de recherche, etc.
- Pour les salariés français comme pour ceux des filiales européennes, cette course à la rentabilité se traduit par une dégradation des conditions de travail et des rémunérations, de la souffrance, des pertes d’emploi importantes, l’augmentation d’une sous-traitance socialement irresponsable…
Au plan national, le Gouvernement justifie toutes les régressions sociales par une situation de quasi-faillite. Dans le même temps, les groupes para-publics multinationaux disposent de moyens gigantesques, sans contrôle public et citoyen, qui ne profitent que de façon dérisoire aux usagers : ils sont principalement réinvestis dans les rachats d’entreprises et enrichissent les actionnaires (plus de 6 Mds d’€ redistribués sous forme de dividendes au cours des 3 dernières années).
En rachetant à l’Etat anglais British Energy, EDF devient un acteur essentiel dans le processus de privatisation du Royaume Uni, qui se traduit une fois de plus par une nationalisation des pertes et une privatisation des gains : le Trésor britannique avait en effet sauvé de la faillite cette compagnie en reprenant la majorité du capital de son capital avant de la rendre au Privé une fois renflouée.
Par ailleurs, cette politique de rachat d’entreprises hors de France donnera de nouvelles armes aux concurrents pour exiger le démantèlement d’EDF en France et la vente d’une part de ses actifs. Cela contribue donc à s’engager un peu plus dans la voie de la libéralisation, en refusant toujours de tirer le bilan de ce processus.
La politique internationale d’EDF fondée sur des acquisitions d’actifs a comme principal objectif d’engranger des dividendes, en particulier en vendant son électricité dans ces pays au prix de marché, ce que l’entreprise et le Gouvernement n’ont pas encore réussi à imposer aux usagers français.
Pour SUD Energie, les bénéfices réalisés par EDF devraient être réinvestis pour répondre aux missions de service public ( recherche, investissements sur le réseau et la production, développement de l’accueil des usagers, tarif réglementé garantissant l’accès à tous à l’électricité …) et pour permettre de revenir à un modèle social de qualité.
La politique internationale d’une entreprise de service publique devrait consister à promouvoir et mettre en œuvre des politiques énergétiques communes et des coopérations techniques et scientifiques au service de l’usager et de l’environnement.